L’Alchimie : de quoi s’agit-il vraiment ?

Transmutation, pierre philosophale, l’alchimie est souvent présentée comme l’art de « faire de l’or ».

Mais que savons-nous vraiment de cette discipline que certains considèrent comme étant l’ancêtre de la chimie moderne ?

L’Alchimie : d’où vient-elle ?

La « science » de l’Alchimie n’est pas nouvelle. Elle serait apparue au IXème siècle avant notre ère, à Alexandrie, dans l’Égypte gréco-romaine. Le terme, qui semble venir du grec ancien, a été arabisé en « Al-Kimiya », ce qui signifie « pierre philosophale ». Le rôle premier de cette nouvelle discipline est de fabriquer la fameuse pierre philosophale, un puissant artefact permettant de transmuter les métaux vils en or/en argent.

Mais la quête alchimique ne s’arrête pas là. On recherche également l’élixir d’immortalité et le remède universel, des eaux merveilleuses conférant santé et jeunesse éternelles. Science ésotérique, l’Alchimie utilise un langage énigmatique, incompréhensible pour quiconque n’appartenant pas au cercle des initiés.

C’est avec l’arrivée de textes arabes en Europe, au Moyen-Age, que l’Alchimie prend racine sur le vieux continent. A cette époque, les adeptes de cette discipline ne sont pas appelés « alchimistes » mais « enfants de l’art », « initiés », « rose-croix » ou encore « souffleurs », un surnom à consonance péjorative. Pour exercer leur art, ils rédigent des traités d’alchimie fourmillant de formules mystiques et de recettes mystérieuses.

Des noms à plus ou moins grande postérité sont associés à l’Alchimie : le Français Nicolas Flamel, le Suisse Paracelse, l’Allemand Albert le Grand, le Belge Jean-Baptiste Van Helmont, l’Arabe ou Persan Jabir ibn Hayyan dit Geber. Toutefois, il faut savoir que la discipline n’a pas eu que des adeptes. Accusés de sorcellerie et/ou d’escroquerie, certains adeptes de cet art ont fini brûlés ou pendus, comme un dénommé Dubois, ayant berné Louis XIII en prétendant avoir fabriqué la pierre philosophale.

Les grandes découvertes de l’Alchimie

Si l’Alchimie est aujourd’hui présentée comme une sorte de pratique magique, impliquant des sorciers et surtout des escrocs, il faut savoir que la discipline a en fait permis d’importantes découvertes, notamment dans le domaine de la chimie.

Déjà, parce que les « enfants de l’art » ont beaucoup manipulé et expérimenté, ils ont pu mettre au jour des éléments et des composés chimiques qui étaient jusqu’alors inconnus : l’arsenic, le phosphore, l’antimoine, l’éther, le borax, pour n’en citer que quelques-uns, ainsi que des recettes très utiles : fabrication de la chaux, du pigment de cinabre, des verres, du savon, etc. Enfin, les innovations ont aussi concerné l’aspect technique avec l’utilisation de balances, du bain-marie (en référence à l’alchimiste Marie la Juive), de sublimations, de distillations, d’alliages, etc.

Afin de mieux appréhender la démarche alchimique, intéressons-nous aux travaux de l’alchimiste antique Zosime de Panopolis. Pour Zosime, tout part d’un constat très simple : toute substance est composée d’une partie « dure » (le soma/le corps) et d’une partie volatile (le pneuma/l’esprit). Par le feu et les procédés de distillation/sublimation, il est possible de séparer le soma et le pneuma.

Ensuite, une manipulation incluant l’eau divine (en fait le mercure) permet de recombiner les esprits et d’obtenir des métaux nobles, inaltérables, par exemple l’or et l’argent. L’idée peut paraître loufoque mais la chimie moderne a prouvé qu’il était possible de transformer un atome de mercure en atome d’or.

Certes, les Alchimistes n’avaient pas du tout la bonne méthode et cela reste une transformation difficile mais, il n’empêche, la démarche était bien celle d’une réelle mutation et non pas la simple imitation d’un métal noble.

Toutefois, même si l’Alchimie a permis des avancées majeures dans les connaissances de l’époque, il faut nuancer le propos en ce qui concerne une quelconque « démarche scientifique ». En effet, les « enfants de l’art » se basent encore sur les qualités organoleptiques des éléments, c’est-à-dire qu’ils donnent des caractéristiques « physiques » aux éléments, en se basant sur leur odeur, leur texture, leur apparence, etc. Ainsi, l’eau est froide et humide, la terre est froide et sèche, … De plus, si l’on regarde la définition actuelle de la chimie : étude de la composition, des réactions et des propriétés chimiques et physiques de la matière, on est quand même loin de la recherche d’une pierre capable de transformer un métal vil en or !

C’est avec Paracelse, au XVIème siècle, que l’Alchimie prend un virage à 180°. Bien que très porté sur la boisson et plutôt arrogant, l’homme est un grand curieux et une figure révolutionnaire de son temps. Paracelse entame une période transitoire – la Renaissance – qui délaissera les vieux écrits pour aller vers une pensée scientifique moderne. Fondateur de la chimie médicale, Paracelse donne à l’Alchimie une nouvelle fonction : celle de fabriquer des médicaments. Il dira par exemple : « Apprends, médecin, à ne tuer personne ; sinon, bêche la terre ! « .

D’ailleurs, ce désintérêt pour la transmutation des métaux fait dire à certains que Paracelse n’avait rien d’un alchimiste… Il a d’ailleurs écrit : « Beaucoup ont dit que l’objectif de l’alchimie était la fabrication de l’or et de l’argent. Pour moi, le but est tout autre, il consiste à rechercher la vertu et le pouvoir qui réside peut-être dans les médicaments. ». A vous de juger ! Ce qui est sûr, c’est qu’après lui, l’Alchimie va avoir de moins en moins d’adeptes, même si quelques noms prestigieux vont se démarquer, à l’instar d’Isaac Newton 😉

Le mythe de la pierre philosophale

S’il y a bien un artefact associé à l’Alchimie, c’est celui de la pierre philosophale. La fabrication de la pierre philosophale est appelée « grand œuvre ». Son obtention permet la transmutation des métaux vils en or ou en argent mais aussi la possession du remède universel et de l’immortalité. Le principe est le suivant : au sein de la Terre, il y a la présence de divers matériaux en maturation, tous prenant plus ou moins leur temps pour aller vers l’état parfait : l’or. L’Alchimie se propose d’accélérer ce processus naturel en extirpant le « principe actif » de la transmutation sous la forme d’une pierre. Ainsi, quiconque possède la pierre peut transformer à sa guise des métaux vils en métaux nobles. C’est la richesse assurée !

Ce qu’il est intéressant de noter, en guise de conclusion, c’est que dans le « grand œuvre », ce n’est pas tant le résultat qui est loué que le chemin qui doit être parcouru pour y parvenir. En clair, l’alchimiste lambda peut n’être attiré que par la promesse d’une vie luxurieuse et agir en pur charlatan (c’est d’ailleurs cette image péjorative qui restera dans les mémoires) mais l’alchimiste de cœur est un philosophe. D’ailleurs, certains chercheurs, plutôt qu’une proto-chimie, voient dans l’Alchimie une philosophie de la Nature.

Oh et dernier détail, pour tous les fans de la saga Harry Potter, désolée de casser le mythe mais, si Nicolas Flamel a bel et bien existé, rien ne prouve qu’il ait été un alchimiste. La légende tient simplement au fait que sa richesse semblait démesurée. Pour l’expliquer, on s’est donc persuadé qu’il avait réussi le « grand œuvre » ! Sauf que, tous les traités dont il serait l’auteur ne sont pas de sa main… Mais bon, comme certains pensent Flamel toujours vivant, ne reste plus qu’à lui poser la question directement !

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Si vous êtes friand de mystère, pourquoi ne pas lire l’article consacré à l’Atlantide ?

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Merci d’avance et à bientôt, pour une nouvelle Histoire de l’Ombre… ❤

Crédit Image :

-> Cabinet d’alchimiste : By Daniel Jolivet – Chinon (Indre-et-Loire), CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=64127324