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Le folklore français : à la découverte de 3 créatures terrifiantes !

L’escargot géant Lou Carcolh, la terrible Tarasque et la fougueuse Velue

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Lou Carcolh : l’escargot de cauchemar !

Vous le savez, à l’étranger, les Français ont la réputation de manger des animaux étranges, à l’instar des grenouilles et des escargots. Pas étonnant donc que l’une des créatures les plus emblématiques du folklore français soit l’un de nos mollusques préférés. Mais, attention, n’allez pas imaginer un petit escargot tout mignon, avec sa jolie coquille spiralée, qui bave sur son herbe préférée.

Lou Carcolh
Par Jeanne Prigent, ArtStation.

Non, non, non.

Notre Lou Carcolh national, dit Le Carcolh pour les intimes, n’est pas un escargot ordinaire. Il est un animal hybride. C’est-à-dire qu’il mélange des caractéristiques venant de l’escargot et du serpent. Pour être plus précise, il possède un corps long comme un serpent, mais velu et visqueux. Sa bouche, elle, est munie d’horribles tentacules, longs de plusieurs mètres. Quant à sa coquille, elle est haute comme une maison!

Vous visionnez bien l’affaire?

Bien, maintenant, laissez-moi vous raconter la légende qui a rendu notre Carcolh si célèbre…

Nous sommes à Hastingues, dans les Landes. Hastingues est une bastide qui a été fondée par les Anglais, aux alentours de 1289. Eh oui, je vous rappelle que les Anglais ont exercé leur suzeraineté sur le Sud-Ouest de la France, du milieu du XIIème siècle jusqu’à la fin de la Guerre de Cent Ans, en 1453.

Bref, nous sommes dans une ville au commerce florissant, qui profite de sa situation stratégique (elle est épargnée par les conflits) pour s’enrichir. Problème, le fameux tuc (butte, en gascon) qui protège Hastingues abrite également une créature monstrueuse : le Carcolh. Caché dans sa caverne sombre, Lou fait sa vie mais, et c’est logique, il lui arrive d’avoir un petit creux…

Lou Carcolh
Par Feig-Art, source.

C’est là que la situation se corse.

En effet, quand il a faim, Lou Carcolh ne se contente pas d’une batavia. Lui, il aime la chair humaine. Malheur alors à celui ou celle qui s’aventurerait à proximité de sa caverne. Car le Carcolh est là, qui attend patiemment qu’un imprudent s’approche de l’entrée de sa grotte. Alors, avec ses longs tentacules, il s’emparera de sa proie, dont il ne fera qu’une bouchée !

Il se raconte d’ailleurs que les habitants d’Hastingues n’hésitaient pas à cacher leurs trésors dans le sol, quand des envahisseurs se rapprochaient. C’est ainsi que les Espagnols auraient fait la rencontre de ce cher Carcolh, si vous voyez ce que je veux dire. Les locaux, eux, auraient eu l’habitude de brandir la menace de Lou Carcolh, quand leurs enfants ne voulaient pas leur obéir.

Le côté positif de cette histoire, c’est que Lou Carcolh n’a plus fait parler de lui depuis une cinquantaine d’années. Certains pensent qu’il est mort. D’autres disent qu’il hiberne. A vous de choisir.

La Tarasque : exorciser ses peurs.

Je ne sais pas si vous aviez déjà entendu parler du Carcolh mais, à mon avis, la Tarasque est un peu plus connue. Pour autant, sans voir d’image, seriez-vous capable de la décrire ?

La Tarasque est une créature appartenant au folklore provençal. Vivant à proximité de Tarascon (on dit que la ville tient son nom de la créature), la Tarasque a longtemps fait régner la terreur parmi la population. Créature hybride, elle possède un corps couvert d’écailles, comme un dragon, une carapace de tortue sur le dos et un visage, mi-animal, mi-humain. Ses yeux sont rouges et ses dents semblables à des épées.

Capable de se camoufler dans l’eau, la Tarasque est redoutable. Elle submerge les navires qui naviguent sur le Rhône et guette les passants imprudents. En tout cas, jusqu’à ce qu’une jeune fille, venue de Béthanie (en Judée) pour évangéliser la Provence, ne se décide à soumettre la bête. Tenant la Tarasque en laisse, Sainte Marthe aurait présenté la créature aux habitants qui, terrorisés depuis des décennies, auraient mis la bête à mort.

Marthe domptant la Tarasque, peinture du XVIIIe siècle Musée des Arts et traditions populaires
Marthe domptant la Tarasque, peinture du XVIIIe siècle Musée des Arts et traditions populaires.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais, au XVème siècle, un certain René d’Anjou, comte de Provence, va assurer la postérité de la légende.

Avec la création des « Jeux et courses de la Tarasque », c’est toute une tradition qui se met en place. Le 14 avril 1474, René d’Anjou fonde même l’Ordre des Chevaliers de la Tarasque, afin d’assurer le bon déroulé des festivités. Celles-ci débutent le lundi de la Pentecôte (elles peuvent durer des semaines) et doivent avoir lieu : au moins 7 fois par siècle. On y promène une effigie de la créature, animée par les tarascaires, les fameux chevaliers de l’ordre instauré par René d’Anjou.

La Tarasque et les Tarascaires
La Tarasque et les Tarascaires, source.

Si l’effigie peut parfois être grotesque, elle est toujours impressionnante, voire dangereuse. En effet, on n’hésite pas à lui faire cracher le feu (des fusées sont cachées dans ses naseaux) et à agiter sa longue queue, qui peut jeter les spectateurs à terre (normal, c’est en fait une poutre). D’ailleurs, c’est aussi à cette époque que l’imagerie de la Tarasque se fixe.

Monstrueuse, la Tarasque a la tête d’un lion à crinière noire, sa gueule est armée de crocs et de dards. Son corps, couvert d’écailles, est surmonté d’une carapace de tortue. Sa queue, très longue, est celle d’un reptile. Elle avance sur 6 pattes, qui sont très courtes. Pour couronner le tout, elle a une horrible haleine.

La Fête de la Tarasque
La Fête de la Tarasque, source.

Ces fêtes, inscrites au Patrimoine Immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2005, ont été très populaires jusqu’à la fin du XIXème siècle. On se pressait dans les rues, pour défier la créature et faire des jeux, tandis que les corporations de métiers avaient l’habitude de défiler dans la ville. Aujourd’hui, les fêtes de la Tarasque ont lieu le dernier week-end de juin.

On pense que la légende la Tarasque visait à donner un sens aux débordements aléatoires du Rhône. Quand le fleuve inondait tout, quand les navires chaviraient, quand des gens se noyaient. Toutes ces catastrophes étaient expliquées par la présence d’une terrible créature, totalement incontrôlable, tapie dans les eaux. Cette légende était aussi une mise en garde. Reste loin de l’eau et de ses dangers, où tu cours le risque d’être dévoré(e) par un monstre ! Plutôt dissuasif, il faut le reconnaître.

La Velue : gare à sa vengeance !

Nous partons cette fois-ci dans le nord-ouest de la France, pour suivre le cours d’une rivière appelée l’Huisne. Traversant le département de la Sarthe, l’Huisne abrite, dans ses eaux, une terrible créature : c’est la Velue, aussi appelée la Peluda, dans sa version espagnole.

Monstre aquatique, la Velue peut aussi cracher le feu. De la taille d’un bœuf, elle semble recouverte de longs poils verts (d’où son nom), mais ce pelage cache en fait des dards empoisonnés, qui sont mortels. Sa tête et sa queue, écailleuses, rappellent l’apparence du serpent ou du crocodile. Quant à ses pattes, bâties comme celles des tortues, elles se terminent par une sorte de ventouse, ce qui lui permet de grimper aux arbres et aux murs, et d’y rester collée, en attendant sa proie.

Illustration de la Velue datant de 1889
Illustration datant de 1889, source.

Durant le Moyen-Âge, la Velue va faire régner la terreur dans la région, et plus particulièrement dans la petite ville de La Ferté Bernard (Sarthe). De sa gueule, elle crache un feu qui incendie les maisons, le bétail et les récoltes. Quand elle plonge dans l’Huisne, elle provoque des inondations. Et, quand elle a un petit creux, elle dévore les enfants et les jeunes filles, ses mets favoris. La population vit dans l’horreur quotidienne.

Mais, d’où vient cette créature infernale ?

La légende raconte que la Velue aurait été refusée sur l’Arche de Noé, au moment du déluge biblique. Maligne, elle serait quand même parvenue à survivre, en se cachant dans une grotte, à proximité de l’Huisne. Des années plus tard, la Velue aurait déchaîné sa violence (forcément, elle n’avait pas apprécié d’être refoulée par Noé) sur La Ferté Bernard, escaladant les fortifications à l’aide de ses pattes ventousées. Avec sa queue, elle tuait animaux et humains, puis retournait se cacher dans la rivière, déclenchant de terribles débordements.

Illustration de la Velue
Illustration de la Velue, source.

Et puis, un jour, la Velue s’en prit à la mauvaise personne. Sa victime, dite l’Agnelle, était décrite comme l’une des femmes les plus vertueuses de la ville. Enragé, son fiancé aurait décidé de se venger de la Velue. Ayant appris que le point faible de la créature était sa queue, il l’aurait frappée d’un coup d’épée magique (qu’il aurait obtenu auprès des fées), lors d’un épique duel sous le pont d’Yvré-l’Évêque (Sarthe).

Morte, la créature aurait ensuite été embaumée par les locaux. D’autres versions racontent que la bête aurait juste été blessée, et qu’elle se reposerait à Tuffé (Sarthe), préparant sa prochaine apparition.

La Velue, à Tuffé
La Velue, à Tuffé, source.

De nos jours, la Velue ne fait plus parler d’elle, sauf à des fins touristiques. Dans les communes liées à sa légende, on propose des parcours thématiques, comme « La Quête de la Velue », à Montmirail. Il s’agit d’un jeu de piste, permettant de recueillir les témoignages de témoins, qui auraient vu la Velue. Le but ? Se préparer à une future attaque

Sinon, comme pour la Tarasque, ce monstre est sans doute l’incarnation allégorique des catastrophes naturelles, qui pouvaient décimer des populations entières, du jour au lendemain.

Et vous, connaissiez-vous ces légendes, issues du folklore français ? Est-ce qu’un second épisode vous tenterait ? Dites-le-moi dans les commentaires ! Vous pouvez également partager cet article avec d’autres curieux(ses) d’Histoire et de légendes 🙂

Maintenant, pourquoi ne pas partir à la découverte d’une autre créature terrifiante, mais cette fois-ci issue du folklore amérindien : le Wendigo !

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Merci d’avance et à bientôt, pour une nouvelle Histoire de l’Ombre… ❤

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