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Les Aborigènes et le Temps du Rêve

S’il y a bien un mythe associé à la culture des Aborigènes d’Australie, c’est celui du Temps du Rêve.

Tâchons d’en comprendre l’essence…

Les Aborigènes d’Australie

Avant d’entrer dans le vif du sujet, sachons d’abord de qui on parle. Comme pour les Amérindiens d’Amérique (voir cet article), il faut d’emblée le dire : le terme « Aborigène » ne représente pas un groupe ethnique ou linguistique réel. C’est surtout une manière simple d’évoquer les individus qui peuplaient l’Australie et les îles alentour avant l’arrivée des Européens.

En Australie, on trouve des traces d’occupation humaine vieilles d’au moins 50 000 ans (et même de 65 000 ans si l’on évoque les découvertes faites en 2018 sur le site de Madjedbebe). Pour expliquer l’arrivée d’hommes et de femmes dans cette partie du monde, plusieurs hypothèses sont avancées.

Il y a 20 000 ans.

Si l’on s’intéresse à la génétique, l’explication admise est celle d’une migration de peuples venus du Sunda (plateau du sud-est asiatique) vers le Sahul il y a 62 000 ~ 75 000 ans. Le Sahul, c’est cet ancien plateau continental qui correspond aux actuelles Australie, Nouvelle-Guinée et Tasmanie (il a existé des ponts terrestres entre ces différents lieux). Passé l’ancrage génétique, on suppute. Sont-ils arrivés via Timor, via la Nouvelle Guinée, via Sulawesi (les Célèbes en français) ? Ou peut-être tout ça à la fois ? (Selon les donnés génétiques, deux groupes distincts auraient débarqué au Sahul, l’un au nord, l’autre au sud).

Mungo Man (l’Homme de Mungo) est le plus ancien squelette d’Homo Sapiens découvert sur l’actuel territoire de l’Australie. Il a été découvert près du lac Mungo (sud-est du pays), en 1974. On estime qu’il aurait vécu il y a 45 000 ans. Le corps, après avoir été déposé dans le sol, a été recouvert d’ocre rouge. Auprès de lui, on a trouvé des outils en pierre et des ossements animaux. D’après les scientifiques, Mungo Man serait mort vers l’âge de 50 ans et aurait mesuré 1m96 !

Des photos ici.

Sur le même site, on a découvert Mungo Woman, en 1969, l’une des plus anciennes crémations connues à ce jour. La zone est désormais sous le protectorat des Aborigènes. Ayant obtenu le rapatriement de Mungo Man, ils l’ont de nouveau enterré en 2017. Depuis, ils refusent toute nouvelle exhumation (en 1988, le squelette d’un enfant a ainsi été protégé, alors qu’en 2006, le crâne d’un adulte a été détruit à cause de l’érosion du site) et regrettent que les ancêtres aient été dérangés.

Ceci étant dit, qui sont les peuples regroupés sous l’appellation « Aborigènes d’Australie » ? Si l’on prend la définition officielle du gouvernement australien, est Aborigène celui ou celle qui : a des ancêtres aborigènes, se reconnaît comme Aborigène, est reconnu(e) comme Aborigène par la communauté. Cette définition est intéressante car elle présume une identité génétique ET sociale. En 2011, on a recensé 670 000 Aborigènes, soit ~3% de la population. Sans entrer dans les détails des voyages de James Cook et de la colonisation anglaise (on pourra y revenir dans un autre article si cela vous intéresse, dites-le moi en commentaire), retenons quelques jalons de l’histoire coloniale australienne.

Déjà, il faut le dire : la colonisation anglaise a été extrêmement brutale à l’égard des Aborigènes. A la fin du XVIIIème siècle, après le débarquement de Cook, la Grande-Bretagne s’arroge le territoire australien. Elle le fait en vertu du principe de la Terra nullius, qui donne le droit juridique de s’approprier une terre « sans maître ». Quand les premiers colons britanniques débarquent, plusieurs centaines de tribus se partagent le territoire australien. Si la consigne est donnée d’établir des contacts honorables avec l’occupant aborigène, les situations vont varier selon les motivations de chacun.

Comme pour l’Amérique, il y a deux obstacles majeurs à une bonne cohabitation : les fléaux nouveaux apportés par les Européens et l’expansion territoriale toujours plus loin vers l’intérieur du continent. C’est au XIXème siècle que les violences atteignent leur apogée (d’ailleurs, aussi bien d’un côté que de l’autre). En 1838, le gouvernement britannique recommande l’instauration de « Chefs protecteurs des Aborigènes », ce qui en dit long sur la situation. Parqués dans des réserves, les Aborigènes résistent, mais que faire face aux maladies et aux ravages de l’alcool ?

Recoloration d’une lithographie vieille de 177 ans.

Il y a des scènes particulièrement violentes qui sont restées dans les mémoires, comme celle du massacre de Myall Creek, le 10 juin 1838. Ce jour-là, douze colons tuent vingt-huit Aborigènes sur les terres d’un éleveur de moutons, dans le sud-est du pays. Pourquoi ? Je ne suis pas sûre que la raison soit aussi simpliste mais il est dit que les colons cherchaient à se venger de vols de bétail. Sachant que les victimes ont majoritairement été des femmes et des enfants, on peut légitimement douter de cette version. C’est le gérant de la ferme, un colon absent au moment du massacre, qui rapporte les faits, parcourant plus de 400km pour avertir les autorités, suite au témoignage de l’un de ses ouvriers.

Le 15 novembre 1838, les onze hommes auteurs du massacre (le douzième n’ayant pas été attrapé) sont déclarés non coupables par le jury, alors que l’ouvrier de la ferme a fourni un témoignage horrifique de la scène à laquelle il a assisté (il a d’ailleurs contribué à sauver quelques Aborigènes). Mécontent du verdict, le président de la Justice ordonne un second procès, qui concerne cette fois sept des accusés, jugés pour le meurtre de l’une des victimes du massacre, un enfant. Enfin, les accusés sont déclarés coupables et pendus le 5 décembre.

Le XXème siècle est celui d’une lente reconnaissance des droits des Aborigènes. En 1976, une restitution partielle des terres ancestrales leur est accordée. En 1992, la Haute-Cour australienne reconnaît leur propriété foncière, abolissant la Terra nullius précédemment invoquée. Au-delà des aspects juridiques, la reconnaissance a aussi été symbolique et culturelle. En 2008, dans un discours devant le Parlement, divers représentants politiques se sont excusés des mauvais traitements subis par les Aborigènes tout au long de la colonisation. Autre évolution majeure, l’expansion mondiale de l’art pictural, de la musique et des croyances aborigènes.

Le Temps du Rêve

Dreamtime Mural.

Dans la culture aborigène, le Temps du Rêve n’existe pas. Je devine votre air choqué… c’est que… comme d’habitude, de fausses idées ont longtemps circulé, au point qu’il est aujourd’hui difficile de démêler le vrai du faux. Je ne prétends absolument pas être une experte de la cosmogonie aborigène, aussi me contenterai-je de vous mettre en garde de manière générale : l’Histoire est une science de l’esprit critique. Pour approcher la vérité, il ne faut pas hésiter à questionner ses sources.

Bref. Tout ce que je vais vous dire sur le Temps du Rêve doit être pris avec des pincettes. Déjà, dites-vous bien que, comme pour les Amérindiens, il serait erroné de penser que tous les Aborigènes partagent un univers mental commun. Les mythes, les légendes, les récits (qui n’en sont d’ailleurs pas pour les individus concernés) sont propres à chaque tribu, même s’il peut y avoir des points de convergence. D’autre part, même s’ils ont fourni des témoignages intéressants, certains chercheurs ont participé à la propagation de mauvaises traductions ou d’interprétations fantaisistes. A nous de trier leurs propos.

Street art.

Maintenant que les précautions sont prises, allons un peu plus loin. Le Temps du Rêve, Dreamtime en anglais, est un terme uniquement utilisé par les non Aborigènes. Ce sont Francis Gillen (un ethnographe amateur) et Walter Baldwin Spencer (biologiste et ethnologue) qui ont popularisé le terme dans leur ouvrage Native Tribes of Central Australia, publié en 1899. En fait, il serait préférable d’utiliser les mots employés par les tribus aborigènes elles-mêmes, comme Altjira (chez les Arrernte, vivant au centre du pays), Ngarrankarni (pour les Gija, résidant au nord-ouest), Ungud (selon les Ngarinyin, occupant le nord-ouest eux aussi), … C’est peut-être une solution de facilité mais, parfois, ne pas traduire évite l’écueil de l’erreur – si la citation vous a plu, n’oubliez pas le copyright 😉

Pour approcher le mythe ancestral aborigène, il faut d’abord comprendre que le terme de « temps » n’a pas d’équivalence dans les langues aborigènes. On lit parfois que le « Temps du Rêve » devrait être remplacé par le seul mot « Rêve ». Sauf que… dans notre imaginaire, ce mot peut amener à de fausses représentations. En fait, ce que l’on désigne par « Temps du Rêve », c’est tout simplement l’environnement dans et avec lequel les hommes et les femmes évoluent. Passer du « Rêve » à la « Réalité », c’est créer. Quand les Ancêtres se sont incarnés, pour engendrer les arbres, les montagnes, les animaux, les humains, ils ont accompli un acte de création. Pour autant, il n’y pas eu de chronologie « Rêve » -> « Réalité ». Les deux sont entremêlés. Si vous avez mal à la tête, c’est normal…

Peinture figurant Baiame réalisée par le peuple Wonnarua, près du village de Milbrodale.

Maintenant que la base est un peu mieux appréhendée, on peut rentrer dans le concret. Selon les tribus concernées, les Ancêtres ont divers attributs et rôles. Pour certaines tribus du sud-est (les Kamilaori, les Eora, les Wonnarua, les Darkinjung et les Wiradjuri), l’Ancêtre le plus important est Baiame. Esprit du ciel, il est descendu sur la terre pour créer les rivières, les montagnes, les forêts, les plantes, les animaux et les humains. Il a enseigné aux hommes les lois, les traditions et les chansons. Parmi les traditions les plus importantes, il a appris le rite d’initiation Bora, qui fait accéder un garçon au statut d’homme. C’est pourquoi il était interdit aux femmes de voir une représentation de Baiame.

Le Wagyl, personnage du Temps du Rêve.

Pour d’autres tribus, le dieu créateur est un immense serpent, que l’on appelle généralement le « Serpent arc-en-ciel« . Là encore, prudence sur les termes employés et sur la généralisation facile. Sur la Terre d’Arnhem, tout au nord de l’Australie, il est un mythe très répandu qui intègre le Serpent arc-en-ciel. La légende (qui n’en est une que pour nous, étrangers à la culture aborigène) raconte que deux sœurs, les Wawalag, étaient en route pour la mer d’Arafura, quand l’aînée a dû s’arrêter pour accoucher.

L’enfant né, Waimariwi (la sœur aînée) l’a baigné dans la rivière et l’odeur du sang a attiré Yulunggur, le serpent. Après quelques péripéties, Yulunggur avale les deux sœurs et le bébé. Puis, pris de remords, il les recrache. Ce mythe est à l’origine de trois rites sacrés pour les tribus habitant la terre d’Arnhem : le Djungguwan (la circoncision des jeunes garçons), le gunabibi (un rituel de fertilité) et la cérémonie d’Ulmark (une sorte de cérémonie de fertilité). Il va s’en dire qu’il existe d’innombrables variantes du mythe du Serpent arc-en-ciel, on aura sûrement l’occasion d’en reparler.

Un autre mythe fondateur, celui qui vient du pays de Ngiyaampaa. L’histoire est celle de Guthi-guthi, l’Ancêtre qui habite le ciel. Un jour, il décide de descendre sur terre, afin de créer les êtres vivants. Après avoir délimité les frontières de la terre et les sites sacrés, il se rend compte que rien ne pourra vivre sans eau. Alors, il appelle Weowie, le serpent d’eau qui vit dans le mont Minara. Comme le serpent ne répond pas, Guthi-guthi déclenche le tonnerre et frappe la montagne, brisant celle-ci en deux.

Vite, Weowie sort et, partout où il passe, il répand les cours d’eau, les lacs, les torrents. Son travail accompli, Weowie retourne se nicher dans le mont Minara. Seulement, il manque un cours d’eau partant du nord et qui traverserait tout le pays. C’est Pundu, the Cod (morue en français… je sais, ça casse un peu l’ambiance), et son complice Mudlark (mud = boue, lark = alouette, faites l’addition vous-même) qui se chargent de la mission. La vie étant possible, deux tribus apparaissent sur la lande : les Eaglehawk et les Crow (deux tribus rivales). On le devine, ce mythe se veut justificateur de la primauté de ces tribus (et de leurs subdivisions) sur un territoire défini. D’ailleurs, il existe un autre mythe (bien plus répandu), incluant un aigle-faucon (eaglehawk) et un corbeau (crow) chez le peuple Kulin

Le peuple Kulin, et d’autres comme les Wurundjeri et les Bunurong, vivent dans le Victoria, le plus petit état australien, au sud-est du pays (face à la Tasmanie). Dans leur mythologie, c’est Bunjil, incarné dans un aigle, qui tient le rôle primordial. Pour les Wurundjeri, c’est Bunjil qui a donné forme et vie aux hommes à partir de glaise, tandis que son frère Bat a donné forme et vie aux femmes à partir de l’eau.

La nation Kulin, elle, reconnaît un être créateur formé de deux fragments : l’un est Bunjil, l’aigle-faucon, l’autre est Waa, le corbeau. Bunjil a deux femmes et un fils, nommé Binbeal l’arc-en-ciel. Il a un frère, Palian la chauve-souris. Il est assisté de six wirmums (shamans) qui représentent les clans du fragment aigle-faucon. D’après la légende, après avoir créé les montagnes, les rivières, la faune, la flore et les humains, Bunjil aurait demandé à Waa d’ouvrir le sac dont il avait la charge et qui contenait le vent. Comme Bunjil demandait un vent toujours plus puissant, un cyclone finit par éjecter Bunjil et sa famille hors de la terre. Depuis, on raconte que Bunjil est devenu l’étoile Altaïr et ses deux femmes, deux autres étoiles.

Abri de Bunjil.

Il existe un lieu en particulier où la mémoire de Bunjil perdure, c’est le Parc National des Grampiants. En plus d’autres sites sacrés, le parc abrite, au nord, « l’abri de Bunjil », une cavité contenant des peintures représentant Bunjil. Sur la pierre, on voit Bunjil accompagné de deux dingos, ou warrigals, qui l’ont aidé dans sa tâche créatrice. Pour rappel, le dingo (un mot qui vient de la langue Eora) est un chien sauvage.

Bon, je m’arrête là pour ce premier article consacré aux Aborigènes d’Australie. Par contre, croyez-moi, il y a encore énormément de matière… This is not the end 😉

Crédits Images :

-> Grotte ornée : Par September 1985 — Image téléchargée à l’origine par Shiftchange (discuter) sur 00:53, 9 June 2006., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2444405

-> Carte Sunda/Sahul : By Maximilian Dörrbecker (Chumwa) – Self made, using this map for the background, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7382691

-> Myall Creek : By Invisi Bletv – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=66121148

-> Dreamtime Mural : by Michael Coghlan, https://www.flickr.com/photos/mikecogh/41418435551/in/photolist-RUZwyz-NCZ8vb-2671iTM-EKBob7-DTxwCw-nXkrSR-kAXt3p-fz9rrN-ek17SU-dzny9N-dzh4Jv-cSLHBW-aj72Q4-9jSkq4-7qJppD-76xKHw-76xKFE

-> Street Art : Dreamtime Story by Michael Coghlan, https://www.flickr.com/photos/mikecogh/5464371983/

-> Baiame : Par Faithy05, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=25611816

-> Wagyl : Par http://en.wikipedia.org/wiki/User:SeanMack — English Wikipedia, http://en.wikipedia.org/wiki/Image:P4022296.JPG, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=981803

-> Corbeau australien : By JJ Harrison (https://www.jjharrison.com.au/) – Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9427904

-> Aigle australien : By Thomas Schoch – Thomas Schoch at http://www.retas.de/thomas/travel/australia2005/index.html, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=671265

-> Abri de Bunjil : By Michael Barnett – Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20727658

2 commentaires

  • Quale

    Très éclairant, merci ! Auriez-vous entendu parler d’une légende selon laquelle la divinité Yingana aurait déposé depuis l’océan les ancêtres des différentes tribus aborigènes (lu sur wikipédia) ?

    • AudreyFeather

      Merci pour ce commentaire et cette question très intéressante 🙂
      Effectivement, chez le peuple Bininj, qui habite la Terre d’Arnhem, Yinga(r)na joue le rôle de Mère Créatrice. Déesse-serpent des morts, Yingana est la mère de tous les animaux marins et de tous les humains. Il existe deux mythes majeurs racontant son épopée :
      1/ Surgissant un jour des profondeurs de la Mer Arafura, Yinga(r)na commença à errer sur la Terre. Le ventre rempli d’enfants, elle portait un bandeau d’où pendaient des sacs dilly (sacs traditionnels en fibres des Aborigènes d’Australie). Dans les sacs se trouvaient des ignames. Sur chaque territoire qu’elle parcourait, elle y laissait une partie de ses enfants, en leur apprenant un langage spécifique. Elle plantait également une partie des ignames, pour assurer la subsistance de ses enfants.
      2/ Sortie des eaux, Yinga(r)na avait le ventre plein d’enfants, incapable d’accoucher car elle ne possédait pas de vagin. Se roulant sur le sol de la Terre, criant, elle finit par attirer l’attention du dieu Barraiya qui, à l’aide d’une lance, permit enfin à Yinga(r)na de donner naissance à ses enfants. Depuis, chaque être vivant est lié à Yinga(r)na et, quand le lien entre les deux se rompt, l’être vivant au bout du lien meurt.
      J’espère t’avoir apporté une réponse satisfaisante 🙂

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