La légende de Matinta Perera (Brésil)
Connaissez-vous l’histoire de Matinta Perera, la sorcière-oiseau du folklore brésilien ?
La sorcière et l’oiseau
C’est durant la nuit, alors que les honnêtes gens sont plongés dans un profond sommeil, que la terrible Matinta Perera (ou Pereira) sort de sa cachette. Devenue oiseau, la sorcière vole, jusqu’à venir se percher sur le toit d’une maison.
Alors, un sifflement aigu sort de son bec. Un son qui ne s’interrompra que si l’un des occupants de la maison se décide à sortir et à passer un pacte avec elle. Satisfaite, la Matinta cessera enfin de siffler et la nuit retrouvera son calme habituel.
C’est le lendemain que Matinta Perera reviendra réclamer son dû. Comme convenu, l’occupant(e) de la maison devra lui offrir l’un des présents suivants : du tabac, du café, de la cachaça (l’eau de vie brésilienne) ou du poisson. Attention à celui ou celle qui tenterait de se défiler…
La maison serait alors frappée d’un grand malheur !
Aux origines de la légende…
La légende de Matinta Perera nous vient du Nordeste, au Brésil. Il existe plusieurs versions de ce récit, Matinta pouvant être plus agressive, salissant les maisons et attaquant les passants, mais, dans l’ensemble, la trame principale reste la même. Les divergences touchent surtout à la figure de l’oiseau.
Parfois, Matinta se transforme en corbeau, d’autres fois elle devient chouette-effraie ou un hibou habité par l’âme d’un ancêtre. On peut aussi lire que Matinta ne se métamorphose jamais mais qu’elle s’habille d’un ample vêtement noir, voire qu’elle n’est qu’une vieille dame accompagnée d’un oiseau de mauvais augure.
Dans les versions où Matinta Perera a l’habileté de se transformer en oiseau, on raconte que son pouvoir est héréditaire et qu’il se transmet de mère en fille. Si la sorcière n’a pas de fille, quand elle se sent mourir, elle part se cacher dans la forêt et attend qu’une femme passe à proximité. Alors, elle demande : « Qui le veut ? » et si la femme répond « Je le veux ! » (pensant peut-être qu’il s’agit d’un présent), elle devient, cette nuit-là, une Matinta, en attendant de transmettre la malédiction à son tour.
De nos jours, Matinta Perera tient toujours une place importante dans les croyances brésiliennes, et plus encore dans le Nordeste du pays. Ainsi, depuis 2004, la ville de Bélem célèbre le Dia de Matinta Perera (le Jour de Matinta Pereira). La date choisie ? Le 31 octobre. Ce choix n’est sans doute pas anodin, puisqu’il permet de contrer l’influence d’une autre tradition, la fameuse fête d’Halloween…
Pour vous dire à quel point la sorcière-oiseau imprègne la vie des habitants du Nordeste, sachez qu’il n’est pas rare de lire, dans divers médias locaux, des articles racontant que Matinta Perera aurait été aperçue ici ou là (parfois dans un centre commercial, des fois dans la rue, d’autres fois chez un habitant), photos à l’appui…
Quand la religion se mêle à la légende…
Comme souvent dans le folklore brésilien, l’influence catholique a fini par se mêler aux légendes locales. Conséquence : à l’aide de quelques artefacts religieux, il est désormais possible de capturer Matinta.
L’astuce ? Enterrer une clé, accrocher des ciseaux et un chapelet béni en hauteur, puis attendre que la Matinta soit prise au piège. Une fois libérée, balayer le sol de sa prison de fortune et vous voilà débarrassé(e) du mauvais sort. Plus simple encore, attendre que Matinta se soit transformée en oiseau et crier le nom d’un dieu. Étant une sorcière sans religion, la Matinta est forcée d’annuler le sort.
Souvent, la légende raconte que Matinta Perera avait un mari, Boto, un autre personnage du folklore brésilien, connu pour mettre enceinte les jeunes demoiselles, avant de redevenir un dauphin rose et de disparaître dans les eaux. Mais, ne supportant plus l’odeur de tabac et de cachaça qui suivait tout le temps Matinta, Boto aurait préféré se séparer d’elle. On peut imaginer que les nombreuses infidélités du dauphin n’ont pas arrangé l’affaire.
Selon certains spécialistes du folklore brésilien, Matinta Perera, que l’on peut aussi retrouver sous le nom de Mati-Taperê, serait la variante féminine de Sâci-Pererê, le malicieux unijambiste à bonnet rouge dont je vous parle dans la vidéo ci-dessous 😉
Pour en apprendre plus sur Boto, ainsi que sur Sâci-Pererê et Curupira :
Dites-moi si un autre article sur le folklore brésilien vous intéresserait ! En attendant, je vous propose de découvrir 3 créatures du folklore français : cliquez ici !
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Merci d’avance et à bientôt, pour une nouvelle Histoire de l’Ombre… ❤