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Les Lwas du vaudou

Quand on s’intéresse au vaudou, on en vient à se questionner à propos de ceux et celles qui servent d’intermédiaires entre les divinités et les humains : les Lwas.

Mais, ces Lwas, qui sont-ils et quel est leur rôle ?

Nana Buluku

Les Lwas, ce sont les esprits (dans le sens de « principes immatériels ») qui jouent le rôle d’intermédiaire entre les fidèles et Mawu, littéralement « l’Inaccessible ». Grosso modo, Mawu n’a pas de forme, il est un concept. Par essence, il ne peut donc être représenté (vous avez le droit d’essayer mais vous êtes certain de ne pas réussir). Mawu ne s’occupant pas des affaires humaines, il fallait que d’autres se chargent des relations publiques. C’est là qu’interviennent les Lwas. Ça, c’est la version raccourcie.

Toutefois… l’histoire est légèrement plus complexe. D’abord, Mawu est un concept spécifique à un peuple (les Ewés) et lié aux influences réciproques qui s’effectuent entre le vaudou et le catholicisme, à l’époque où les colons et les missionnaires voient d’un très mauvais œil toute pensée éloignée de la « vraie foi ». Pour survivre – littéralement et spirituellement, les esclaves finissent par associer leurs divinités à celles de la religion chrétienne. Mawu est donc plus ou moins le « Bon Dieu » des catholiques. C’est aussi à cette époque que le vaudou acquiert sa réputation diabolique, puisque tout ce qui n’appartient pas à la religion officielle ne peut être que l’œuvre du Diable.

Si l’on repart sur les terres originelles du vaudou, l’Afrique de l’Ouest, on trouve diverses représentations du panthéon vaudou. Tantôt c’est Mawu qui tient le premier rôle, tantôt c’est Nana Buluku. Pour les peuples Fon, Nana Buluku est l’Être Suprême, la Déesse Créatrice. C’est elle qui a donné naissance à l’esprit de la Lune, Mawu, à l’esprit du Soleil, Lisa, et à tout ce qui compose l’univers. Sa mission achevée, Nana Buluku a préféré se retirer et laisser à Mawu-Lisa le soin de s’occuper de sa création.

Nana Buluku.

Contrairement aux Yorubas (dont on parle dans l’article consacré aux origines du vaudou), les Fon attribuent la création des êtres vivants à Mawu, Legba et au serpent Aido Hwedo. L’aspect le moins cool de cette tradition, c’est que l’Homme aurait une destinée toute tracée… Pour y remédier, les Fon font des offrandes à Legba et à d’autres déités, afin qu’ils intercèdent en leur faveur.

Les familles de Lwas

Avant toute chose, il faut être bien clair sur un point : les Lwas sont présents dans le vaudou de Haïti et de Louisiane. Je ne dis pas que les Lwas sont absents du vaudou africain d’origine mais beaucoup de Lwas sont le fruit d’une tradition américaine.

S’il est d’usage de classer les Lwas dans de nombreuses familles, deux d’entre elles sortent toutefois du lot. On les présente souvent comme antagonistes, c’est en partie vraie, mais il faut comprendre qu’un même Lwa peut avoir des attributs différents, selon qu’il est invoqué dans tel rite ou dans tel autre.

Mami Wata, La Sirène dans le panthéon haïtien.

D’abord, on trouve les Lwas Rada, les plus anciens de ces esprits, issus des traditions africaines d’Abomey. Plutôt bienveillants et fiables, les Lwas Rada sont des esprits accessibles, recommandés pour ceux et celles qui débutent dans la pratique du vaudou.

En théorie, vous pouvez attendre de la compassion de leur part, même si vous rencontrez quelques difficultés à accomplir les promesses que vous leur avez faites. Comme ce sont des gars et filles plutôt cool, ils vous proposeront d’allonger le délai de l’offrande, voire de l’annuler complètement.

Les Rada se rattachent à l’élément Eau.

Papa Legba est le plus célèbre des Rada. S’il est, dans ce rite, un vieillard boiteux qui garde les frontières, qui protège les habitations, il ne faut pas non plus le croire inoffensif. Dans son article, Les grands dieux du vaudou haïtien, Emile Marcelin rapporte une anecdote édifiante à ce sujet.

Papa Legba.

Le gérant d’une maison avait, sur ordre de son maître, abattu un mapou (kapokier en jargon horticole) consacré à Legba. Quelques mois plus tard, l’homme commença à perdre beaucoup de sang. Les médecins suspectèrent un empoisonnement. Affolé, le malade fit venir le hougan (un prêtre vaudou) le plus compétent de la région, qui lui conseilla de faire une offrande à Marinette, Lwa terrible que le gérant servait. Sauf que, avant de pouvoir s’adresser à Marinette, le fidèle avait besoin de la permission de Legba, le seul Lwa capable d’ouvrir l’accès au monde surnaturel. Rancunier, Legba fit la sourde oreille et le gérant mourut le lendemain.

Les Lwas Petro, eux, sont les moins conciliants des Lwas. Si l’on voulait faire une analogie facile, on pourrait dire que les Lwas Rada sont les anges du vaudou et que les Lwas Petro sont leur pendant démoniaque.

La raison de cette violence est historique. Issus du vaudou haïtien, les Lwas Petro sont les produits de l’esclavagisme. Les Africains arrachés à leur terre natale, privés de leurs droits fondamentaux et de leur dignité, ont cherché secours auprès des esprits intercesseurs de leur religion originelle, ajoutant une dimension vengeresse aux Lwas traditionnels.

Offrande.

Ainsi, s’ils sont prompts à accéder rapidement à vos requêtes, les Lwas Petro attendent réciprocité et obéissance de votre part. Ne vous amusez pas à provoquer les Petro, surtout si vous ne connaissez rien aux rituels vaudous.

Le panthéon Petro est associé à l’élément Feu.

Comme Petro particulièrement féroce, vous avez cette chère Marinette, une Lwa extrêmement peu commode, puissante et féroce, protectrice des loups-garous, qu’il vaut mieux éviter de provoquer.

Pour conclure, on peut citer quelques autres familles de Lwas, comme les Lwas Nago, les Lwas Congo ou encore les Lwas Guédé, esprits de la mort dont on aura l’occasion de reparler, notamment dans l’article consacré aux Trois Barons et à Maman Brigitte.

Baron Samedi.

Cet article est la version synthétisée d’une vidéo :

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Si vous avez envie de poursuivre la lecture, je vous invite à consulter l’article consacré à Baron Samedi et Maman Brigitte !

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Merci d’avance et à bientôt, pour une nouvelle Histoire de l’Ombre… ❤

Crédit Images :

-> Vévé d’Ogun : By chris 論 – (various) drawn by hand, scanned and vectorised, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2141135

-> Mami Wata : Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=275403

-> Nana Buluku : By Printed by Davi Nascimento – http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Nana.jpg, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4980634

-> Offrande : Miguel Discart 2015-12-10_17-42-27_ILCE-6000_DSC09050_DxO_Redo_PL4 | Flickr https://www.flickr.com/photos/miguel_discart/50654461983/

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