Plongée dans la religion étrusque
Durant un millénaire, les Étrusques ont influencé la culture méditerranéenne.
Plongeons ensemble dans leurs croyances religieuses…
Qui étaient les Étrusques ?
Jusqu’à l’assimilation par la République romaine, au IIIème siècle avant notre ère, les Étrusques occupaient le centre de la péninsule italienne. Durant l’époque archaïque, vers – 600, – 500, les Étrusques ont étendu leur territoire jusqu’à la plaine du Pô, au nord. Des preuves archéologiques récentes (fouilles du site d’Aléria) tendent à prouver que l’influence étrusque s’étendait même au-delà de l’Italie, jusqu’en Corse !
Selon la tradition, l’Étrurie était gouvernée comme une dodécapole, c’est-à-dire que 12 cités-États s’étaient alliées pour former une Ligue, censée coopérer dans les domaines économique, religieux et militaire. En revanche, chaque cité était en compétition en regard du commerce et de son expansion territoriale, ce qui compliquait la tâche au moment de se défendre contre des ennemis extérieurs.
Au fil des conquêtes, d’autres dodécapoles ont vu le jour, donnant naissance à l’Étrurie padane, au nord, et à l’Étrurie campanienne, au sud. D’après Tite-Live, chaque année, les cités-États se donnaient rendez-vous au Fanum Voltumnae, pour y tenir conseil et y célébrer les jeux sacrés. L’emplacement de ce sanctuaire fait aujourd’hui débat, certains le situant au pied du village d’Orvieto, d’autres à Viterbe, etc.
La société étrusque était hiérarchisée, mêlant hommes libres et esclaves. Au sommet de l’échelle sociale, un petit groupe de privilégiés occupait le pouvoir, ce qui laisse supposer l’existence d’un système oligarchique. Là où les Étrusques se différencient des sociétés grecque et romaine, c’est par le rôle que tenaient les femmes. Sans être à égalité avec les hommes, celles-ci étaient toutefois impliquées dans la vie de la cité et pouvaient participer aux cérémonies publiques. Leur nom, comme celui de leur mari, était transmis à leur descendance.
Les Étrusques parlaient l’étrusque, une langue n’appartenant pas au groupe des langues indo-européennes. L’alphabet étrusque s’inspirait de l’alphabet grec occidental, utilisé par les Grecs de Cumes. Si l’alphabet, que l’on connaît, nous permet de lire l’étrusque, à ce jour, on ne sait toujours pas le comprendre. Autrement dit, pour déchiffrer l’étrusque, il nous faudrait un nouveau Champollion !
Les grands principes de la religion étrusque
Même si les principales informations sur le sujet nous proviennent d’auteurs latins, nous connaissons quelques pans de la religion étrusque.
Déjà, les croyances étrusques se situaient dans un système que l’on appelle un polythéisme immanent. Autrement dit, les Étrusques croyaient en l’existence de plusieurs divinités, agissant à tout instant sur le monde mais pouvant être influencées par les mortels.
Ensuite, il faut savoir que l’art divinatoire et les rites tenaient une place importante dans la vie religieuse étrusque. Les auteurs latins avaient résumé ces pratiques par une formule : Etrusca disciplina, qui se traduit par « science étrusque ». Cette science, contrairement à la religion grecque, se basait sur des textes sacrés, sur des révélations faites par les divinités. Ainsi, existaient les Libri Vegoici, contenant les révélations de la sibylle Vegoia, ou encore les Libri Tagetici, reprenant les enseignements du devin Tagès.
D’ailleurs, puisque l’on évoque Vegoia et Tagès, il faut savoir que ce sont ces deux personnages qui sont à l’origine de la religion étrusque. Associée à la fertilité, la nymphe Vegoia est celle qui a enseigné les rites aux hommes. Quant à Tagès, l’enfant-vieillard, il est celui qui a enseigné la divination aux mortels.
Si vous connaissez un peu la culture et les croyances romaines, vous aurez sans doute remarqué des similitudes avec la religion étrusque. Et c’est normal. En assimilant le peuple étrusque, les Romains ont adopté des divinités et des rites du peuple vaincu, notamment leur art divinatoire. Ainsi, comme les Étrusques, les Romains cherchaient à lire des présages dans le vol des oiseaux (les augures) ou dans les entrailles d’animaux sacrifiés (les haruspices).
Le panthéon étrusque
Avant d’entrer dans le détail du panthéon étrusque, une précision s’impose. Si les Romains ont adopté des pans de la religion étrusque, les Étrusques ont eux aussi été influencés par d’autres cultures, notamment la culture grecque. C’est pourquoi certaines divinités vont vous paraître très familières, à l’instar de Menrva, dont les attributs sont le casque, la lance, le bouclier et l’olivier. Toutefois, quand un peuple adopte une divinité étrangère, il la modèle souvent selon ses propres codes. C’est pourquoi, à la différence d’Athéna, Menrva a aussi des dons de voyance et de guérison.
Menrva est née de la tête de son père, Tinia. Tinia (ou Tins) est la divinité suprême du panthéon étrusque, comparable au Zeus grec et au Jupiter romain. Il est un dieu lanceur de foudre, dont les effets peuvent être bénéfiques ou maléfiques. S’il envoie la foudre de son propre chef, celle-ci aura un impact positif. S’il le fait avec l’accord des Dii Consentes (les dieux complices), son effet sera mitigé. En revanche, si Tinia agit après avoir consulté les Dii Involuti (les dieux cachés), la foudre provoquera la destruction.
Du côté des déesses, Uni semble avoir été la plus importante. Reine des divinités, elle est à la fois la sœur et la femme de Tinia. On pourrait la comparer à l’Héra grecque et à la Junon romaine. Souvent présentée comme une sauveuse, Uni est une féroce combattante, qui n’a pas peur de prendre les armes. Elle est la mère d’Herclé, un dieu très populaire en Étrurie. Inspiré du héros grec Héraclès, Herclé est celui qui défend la civilisation contre les bêtes et les monstres. Ses attributs sont le carquois, l’arc et une peau de lion.
Parmi les autres divinités majeures du panthéon étrusque, on trouve Laran, dieu de la guerre, Nethuns, dieu de la mer, Turan, déesse de l’amour, Velch, dieu du feu et des métaux, Turms, dieu du commerce, Aritimi, déesse chaste de la chasse et la lune, et son jumeau Apulu, dieu de la lumière, Fulfuns, dieu du vin, ou encore Usil, dieu du soleil.
En plus de ces divinités majeures, il existe des divinités mineures, comme Herclé, dont on a déjà parlé, Aita, le Maître des Enfers, Thalna, la déesse des naissances, Silenus, divinité de la nature sauvage, Thesan, déesse de l’aube, pour n’en citer que quelques unes.
Cette dernière catégorie de divinités occupait le troisième rang de la hiérarchie céleste. Les divinités majeures, elles, formaient le second rang. Le premier rang, lui, rassemblait des divinités mystérieuses, impénétrables, que l’on évoquait sous le nom des « dieux voilés » (Dii Involuti). Ces dieux « sans visage » semblent avoir formé le premier système de croyance des Étrusques, avant que l’influence grecque ne vienne « humaniser » ces divinités primitives.
Les Enfers étrusques
Maintenant, la question finale : les Étrusques croyaient-ils en une vie après la mort ?
Pour répondre à cette question, intéressons-nous aux tombes peintes laissées par les Étrusques. Dans la nécropole de Monterozzi, en Italie, de splendides tombeaux ornés de fresques nous ont prouvé que ce peuple croyait en l’au-delà. Ce constat fait, est-il possible d’en dire davantage ? C’est là que les choses se corsent. Puisque nous sommes incapables de comprendre l’étrusque, tout ce que l’on suppose de l’au-delà étrusque reste une… supposition.
Ainsi, longtemps, on a pensé que les scènes peintes sur les murs des tombeaux étrusques représentaient leur vision des Enfers. Banquets, fêtes, parties de pêche, les Enfers étrusques paraissaient idylliques. Aujourd’hui, les chercheurs sont plus modérés, pensant plutôt que ces scènes joyeuses s’inspiraient du déroulé de la vie du défunt. Comme dans l’Égypte Antique, on peignait les moments heureux de la vie du défunt sur les murs de son tombeau, pour l’aider dans son passage vers l’au-delà.
Si vous voulez en apprendre davantage sur les tombes peintes de Monterozzi, j’ai écrit un article sur le sujet : le lien.
Mais alors, ces Enfers étrusques, à quoi ressemblaient-ils ?
Sur leur description précise, on ne peut malheureusement rien affirmer. Toutefois, on sait qu’une fois mort, le défunt se rendait aux Enfers à cheval. Arrivé à destination, il était accueilli par ses ancêtres, avec qui il partageait un copieux banquet, banquet présidé par Aita (Hadès) et Phersipnei (Perséphone). Ensuite, ils pratiquaient le symposium (boire ensemble). Comme chez les Grecs, il s’agissait d’une cérémonie rituelle et sociale, centrée sur la consommation de vin. Toutefois, chez les Étrusques, hommes et femmes pouvaient y participer.
Enfin, on ne peut pas parler des Enfers sans évoquer Charun. Divinité psychopompe, il était celui qui conduisait le défunt jusqu’aux Enfers. Toutefois, si cette divinité a été nommée en référence à son homologue grec Charon, ils ne pourraient être plus différents. Plutôt que de demander une pièce au trépassé, Charun utilisait une méthode plus radicale. Il assommait le défunt d’un coup sur la tête, afin de s’assurer que ce dernier ne cherche pas à fuir les Enfers. Sur les fresques, il est facilement reconnaissable, puisqu’il a un nez crochu, des oreilles pointues et il tient un maillet à la main. Parfois, son visage est bleu.
Si cette incursion dans l’univers étrusque vous a plu, n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires ! 🙂
Si l’univers mythologique vous plaît, pourquoi ne pas lire les articles consacrés à la mythologie celtique et à la mythologie amérindienne ?
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Merci d’avance et à bientôt, pour une nouvelle Histoire de l’Ombre… ❤